Coraline
J'ai eu l'occasion de voir le film Coraline en relief, à l'avant première qui a eu lieu à Pantin, dans le cadre de l'animation dimension 3, le 3 juin.
Ce
film a été écrit d'après un texte original de Neil Gaiman, que je n'ai
eu l'occasion de lire. C'est un superbe film. Il est très imaginatif à
la fois visuellement et scénaristiquement. Il regorge littéralement
d'idées. Je vous livre le synopsis complet.
Une
fille pousse une porte secrète de sa nouvelle maison, et découvre une
vie parallèle. Dans cette vie, ses parents sont attentionnés ; ces vrais
parents ont d'autres occupations. Coraline, car c'était elle, est tout
d'abord charmée de tant d'attentions. Après des péripéties toutes
plus joyeuses les unes que les autres, elle ne voudra pas qu'on lui
couse des boutons à la place des yeux. Elle découvre alors que
cette vie parallèle est une chimère, et que sa nouvelle mère est en fait
une sorcière qui veut lui prendre son âme. Elle réussit à s'échapper. De retour à la vie normale, elle se rend compte que ses
parents ont disparus, enlevés par la sorcière... Elle doit
retourner dans sa vie parallèle, récupérer les yeux des fantômes qui ont
déjà été capturés et dépecés par la sorcière, récupérer ses parents, et
empêcher la sorcière de nuire à jamais.
Je
n'ai globalement pas de critique négative à faire. Je précise que je
n'ai pas plongé plus que ça dans le film. Sur la fin, surtout, deux
choses me chiffonnent. Du point de vue de l'écriture, je trouve dommage
que la fin mette tant de temps à arriver. D'un point de vue plus
plastique, je reviendrais ensuite sur mon ressenti des fantômes.
Tout d'abord la fin.
Comme
je l'ai écrit dans le synopsis, on passe d'une sous-intrigue à une
autre, et finalement, ce qui avait fait notre émerveillement au début
s'estompe peu à peu. Je trouve cela d'autant plus dommageable que la
réalisation conserve la même maestria. Il paraît que le script de Henry
Selick est très proche du texte original*.
Les
sous intrigues s'enchainent sur la fin. Ce n'est pas tant le fait qu'il
y ait tant de sous-intrigues qui surgissent, mais le fait qu'elle
soient aussi décousues. Par exemple, celle qui consiste
à sauver les parents arrive comme un cheveu sur la soupe. Pourtant,
c'est très bien réalisé, et cette sous-intrigue est nécessaire !
Nécessaire car une fois que l'héroïne a résolu son passage à
l'adolescence, il lui faut éloigner cette mauvaise image de ses parents
et ramener la bonne à la maison. C'est, je crois un problème d'annonce
de l'intrigue : Mais était-ce parce que je m'y attendais que je n'ai pas
aimé ? Était-ce parce que j'avais un préjugé sur ce genre d'intrigue
(allez, l'enfant qui doit sauver les parents : les gosses vont adorer) ?
Était-ce la façon dont la nécessité de la sous-intrigue fut amenée ?
Même après trois jours de méditation, j'ai du mal à donner une réponse.
Peut être est-ce simplement le 'jeu' de la marionnette ou le doublage
français qui posait problème... Il faudrait que je revoie ce film... et
je le reverrais avec joie.
D'un
point de vue plus plastique, à présent : Il y a, je pense, le manque
(?) d'imagination quant à la texture des fantômes. Avant de m'expliquer,
il faut replacer le film dans son contexte. Coraline est
un film pour enfant. Par suite, les thèmes développés les touchent : le
rêve merveilleux, la vie parallèle avec des parents attentionnés, le
chat qui parle, la figure de la sorcière qui n'est que la
personnification de l'égoïsme de l'enfant, ainsi que l'enfant qui fini
par sauver ses parents. Je suis tenté de faire remarquer que le rôle
principal est donné à une petite fille et non un petit garçon (mais
n'allons pas plus loin). Mais si ce film reste visible par des enfants,
il d'autres thèmes sont plus adultes : si l'on met les deux mères (la vraie et
la sorcière) en confrontation, on voit émerger la culpabilité de ne pas s'occuper de sa fille...
Revenons en à nos revenants.
Ce
sont des fantômes... blanc. Le manque d'imagination qui les caractérise
en fait presque des antithèses de personnages. Je vais développer
rapidement le point de vue plastique, avant d'observer leur
caractérisation.
Ces
fantômes blanc, un peu volant, un peu translucide ont tout à envier au
personnage de la sorcière qui a été créé avec une invention totale :
c'est un personnage créé à partir d'aiguilles à tricoter. Une foule de
détail nous touchent et nous font rêver. Les fantômes, hélas, non.
La
caractérisation des fantôme est fade. Ils sont trois, ils ont été fait
prisonniers par la sorcière l'un après l'autre, depuis au moins deux
générations, si ce n'est plus. On ne les vois que deux fois une minutes.
Ils nous donnent deux informations : l'identité de la sorcière et ce
qu'elle fait des yeux. Ils donnent une direction au récit : retrouver
les yeux. Puis, on les reverras en anges, une fois que Coraline aura
récupérée les yeux. Ils lui donneront la
mission de récupérer ses parents...
Bien
sur, la sous-intrigue des yeux permet de réutiliser les décors :
Coraline voit les lieux à présent comme des 'iles des plaisirs' de
Pinoccio.
Au
fond, ce film ne m'a touché que du point de vue de sa richesse
visuelle. Je n'ai pas été accroché par les thèmes développés. Lorsque le
chat s'est mis à parler, nous étions alors dans la vie parallèle, et il
fallait donc qu'il parle, pour qu'il 'forme' Coraline, en bon mentor,
en lui faisant faire le tour du monde. J'ai eu un temps de latence avant
de replonger le film. En plus, il est tellement magique qu'il entre à
moitié dans un trou d'un tronc, et en ressort à demi autre part : Un
chat du comté de Chester (Cheshire cat), tiré d'Alice au pays des Merveilles.
J'ai
l'impression que je suis en train de démolir le film. Pourtant, j'ai
tout de même été enchanté. La toute dernière sous-intrigue, qui clos le
film, c'est Coraline qui doit détruire la clef de la porte. L'opposant,
c'est la main de la sorcière. Elle va devoir placer la clef dans un
endroit que la sorcière ne connait pas : le puits qui est découvert au
début du film. Ces scènes sont superbe. Le film est superbe.
Enfin, voici le trailer :