vendredi 16 juillet 2010

Acteurs scénariste Français : le ressac de la nouvelle vague ?

Les acteurs scénaristes français... enfin le ressac de la nouvelle vague ?


L’express a fait paraître le 21 juin un article de Christophe Carrière, le renouveau du film « made in France »

Partant d’un constat il réfléchit sur l’état du cinéma français. L’Arnacœur[1], Le Petit Nicolas[2], et Neuilly sa mère ![3] sont trois des cinq plus gros succès des 12 derniers mois, et ont été imaginé par… les producteurs. Ce sont eux qui ont ensuite contactés des scénaristes d’une part, puis des réalisateurs d’autre part. Le ressac de la nouvelle vague aurait-il disparu ?

Ce qui apparait ici nouveau est ancré depuis des dizaines d’année outre atlantique. On se souvient encore de l’interview de Clint Eastwood qui disait avec ironie ne pas comprendre la question qu’on lui posait : « pourquoi n’écrivait-il pas ses scénarii pour les tourner, plutôt que tourner ceux écrits par d’autres ? »

Il y a deux ou trois mois, Télérama avait publié un article sur la Femis[4], qui montrait que les scénaristes sortaient et se mettaient à filmer, après avoir trouvé un producteur pour leur scénario développé sur un an (ou allait écrire des petites choses alimentaires, type Plus belle la vie), tandis que les réalisateurs pointaient au chômage.

Alors que l’article de Télérama proposait insidieusement que les scénaristes devaient réaliser ce qu’ils avaient écrit, cet article jette un pavé dans la marre. Donnant la parole à Yann Zenou, un patron de Quad, (L’Arnacœur) il explique que d’une part, Canal+, pourtant premier financeur de films français, n’injecte plus autant d’argent dans les films, de même pour les chaines hertziennes. Afin d’arriver à achever un bouclage financier d’un film, les producteurs doivent imaginer des histoires qui puissent exister auprès d’un public. "Entre les 15 films à l'affiche chaque semaine et les DVD qui débarquent quatre mois après, il faut faire au spectateur une proposition forte qui lui donne envie d'aller en salle" conclue-t-il.

Le scénariste ne changera pas de statut : il restera celui qui invente une histoire à partir d’un propos venant ici du réalisateur ou là du producteur, mais il n’aura plus l’aboutissement en ligne de mire : son interprétation de ce qu’il aura imaginé.

Si le scénariste existe indépendamment, cela veut aussi dire que le réalisateur n’a plus besoin d’être un auteur pour tourner. Il ne perdra pas pour autant son statut d’artiste : mais des gens comme Pascal Chaumiel peuvent désormais se présenter comme technicien de la narration, incapable d’écrire une histoire mais à même de lui donner vie.

C’est finalement un grand pas en avant pour les scénaristes qui veulent rester scénariste, mais écrire pour le cinéma, car chacun sait que généralement, à la télévision, le réalisateur est pris comme un technicien. Ce problème existait dans le cinéma uniquement, et est né après le fameux article de François Truffaut une certaine tendance du cinéma Français.

À suivre ?


[1] Réalisé par Pascal Chaumeil, scénario de Laurent Zeitoun, Jeremy Doner et Yohan Gromb produit par Quad.

[2] Réalisé par Laurent Tirard, scénario de Laurent Tirard, Grégoire Vigneron (et Alain Chabat en plus pour les dialogues), produit par Eric Jehelman et Geunevieve Lemal.

[3] Réalisé par Gabriel Laferrière, scénario de Philippe et Marc de Chauveron et Gilles Laurent, produit parDjamel Bensalah et Isaas Shary.

[4] Fondation Européenne des Métiers de l’Image et du Son, grande école parisienne, seule école publique française avec l’école Louis Lumière, comprenant sept départements : réalisation, scénario, image, son, décors, montage, production. Nous nous intéressons à ceux de réalisation et de scénario.