mercredi 22 juin 2011

Charlotte

Charlotte












Charlotte est une courte nouvelle écrite en juin 2011 pour le fanzine culturel Q.

Un homme, un fouet, et sa charlotte...

L'histoire ne recèle rien d'indécent.

Le texte reste sous droits
(c)tomthomaskrebs

lundi 20 juin 2011

City of Ember - La cité des ombres

City of Ember – la cité des ombres

CDO_titre 
Réalisé par Gil Kenan
Scénario de Caroline Thompson, d’après le livre de Jeanne Duprau

Ce billet est plus un billet d’humeur qu’une réelle analyse. J’ai vu ce film. J'ai aussi vu une partie de Stardust (la première demi-heure, le dernier quart d’heure). Je ne les ai pas aimés.

L'histoire est celle de Doon et Lina qui veulent sortir le reste de l'humanité de la cité des ombres, cité enfouie où elle est resté confinée 200 ans. Mais le maire actuel de la ville ne semble pas du même avis.

Plusieurs choses me dérangent dans ce film. La bande originale, tout d'abord, est mièvre et trop présente. Elle ne prévient pas : elle assène au spectateur le sentiment qu’il doit avoir à tel ou tel moment.

Les décors sont trop faux. Je ne parle pas d’un rapport à un réalisme que n’aurait pas ce film. Il présente une cité enfouie, et je ne vais pas remettre ce choix en question. Mais il y a trop de matte painting, c'est-à-dire trop de décors réalisés en 3D et mal incrusté dans la scène. On sent l’absence de ses décors dans le jeu des acteurs, qui est moins assuré. De plus, cela amène à des aberrations cinématographiques, et des plans qui ne servent pas le propos. Sous prétexte de ‘présenter’ un lieu, la caméra fait des mouvements amples, souvent trop rapides, qui, s’ils présentent effectivement le travail des infographistes, ne font pas progresser l’intrigue. Je veux dire que la poudre aux yeux retombe vite (ou en appelle au marchand de sable), et ce, quel que soit le film. En parlant de poudre aux yeux, à nouveau, je ne parle pas de la magnificence des décors, mais du fait de savoir tenir une caméra. Dès qu’un plan s’éloigne trop de la façon de filmer qui a été définie, à force de tâtonnements, autours des années 1920, et que ses plans ne reprennent pas spécifiquement d’autres formes acceptées comme telles (le jeu vidéo, la course de voitures, par exemple) la scène donne simplement l’impression d’être mal filmée.

Mais laissons là les problèmes de réalisations qui ne concernent pas spécialement ce blog. Observons le scénario et ses problèmes. C’est l’histoire de deux enfants qui veulent sortir de la cité des ombres, qui a été confinée deux siècles auparavant sous terre, pour que la surface du globe se régénère.

C’est une grosse production américaine, adapté d’un livre (je ne l’ai pas lu mais je suppose qu’il est bon, puisqu'il a eu droit à une adaptation) pour un budget de 55 000 000$. Je me demande pourquoi une production aussi chère marque un tel laisser aller. Les incohérences sont légions. Voici celle sur laquelle tient tout le film :

La première scène explique que l’apocalypse est proche, et que pour sauver l’humanité, il faut créer une citée sous-terraine, pour que les hommes y vivent durant 200 ans. Les savants de l’époque mettent des documents dans une boite qui a un compte à rebours électronique (c'est-à-dire avec des numéros rouge, c’est utile pour la suite), pourqu’enfin, le moyen d’en sortir leur soit révélé. C’est un peu absurde de faire ainsi du reste de l’humanité des prisonniers du bon vouloir des savants, mais bon, passons.

Seconde scène, intitulée probablement sur la fiche de la scénariste : ''la file des maires est rompue, la boite est oubliée''. Je n’entrerais pas dans les détails de cette scène, car elle recèle en son résumé une incohérence. LA BOITE EST OUBLIÉE. Le spectateur (disons le jeune spectateur, puisque c’est un film pour enfant) est en train de déchanter (c’est cette boite qui va sauver l’humanité !)… une boite qui ne s’ouvre pas avec un compte à rebours rouge. On peut ne plus savoir ce que ça veut dire, il y a quand même le chiffre qui s’affiche et la boite qu’on ne peut pas ouvrir. Mais non, des boites, il semble n’y avoir que ça ici, puisqu’elle est remisée dans un coin où on l’oublie.

Ici, encore, ça peut passer : après tout, c’est l’espoir de l’humanité, donc les héros vont devoir la retrouver pour sauver l’humanité. Ils feront certainement sortir cette dernière du trou où elle s’était enfermée pendant 200 ans. Sauf que plus tard, dans le film, Lina doit aller voir le maire, et dans le couloir qui y mène, elle voit, et le spectateur aussi, que les maires ont tous la fameuse boite, avec le décompte des années. De plus, nous avons appris depuis qu’il n’y a qu’une seule boite de ce type dans la citée.

CDO_boite
les chiffre ne veulent absolument rien dire,
il ne faut pas s'arrêter à cette information...

Je ne sais pas. Quelque chose m’échappe. Il y a suffisamment d’éléments pour souligner l’importance de cette boite, mais non, elle est laissée aux orties. Enfin, il n’y a pas d’orties dans ce monde (avec un peu de mauvais esprit, j’ajouterais : il n’y a que des caméras qui ne savent pas s’arrêter).

Autre incohérence : les gens de l'humanité n'ont plus aucune idée du dehors. Mais, éparpillé (notamment chez le père de Doon, le héros) il y a des livres détenant des descriptions et des dessins d'insectes. Mais bon, tout le monde ignore ce que sont ces ‘terres inconnues’. La liste est encore longue.

 Je suppose que c’est parce que ce sont des enfants que la scénariste ne s’est pas posé ce type de question. Je parle bien de la scénariste, car si l’erreur est dans le roman, elle aurait pu chercher à la corriger.


Autre chose à présent. C’est un film d’aventure pour enfant, aussi doit-il en respecter les poncifs. Notamment l’attaque par une taupe mutante (elle est géante). Notamment la gentille abeille mutante elle aussi (la proportion d’agrandissement est la même), donc elle est grosse comme un chat. J’accepte parfaitement qu’il y ait ses animaux. Mais font-ils peur aux personnes de cette ville ? On n’en parle pas, alors que la taupe en avale quand même une ou deux ? et que le passage entre les égouts (c’est là qu’on la voit) et la ville à l’air d’être des plus simples ? C’est amusant, parce que la taupe prépare évidemment la fin, puisque… mais je ne dirais rien, je tairais ce qui arrive au méchant. Cette préparation qui devait influer sur l’état d’esprit des gens, voir poser plus de problèmes aux protagonistes pour qu’ils puissent atteindre les égouts… et n’en pose aucun.

Dernière chose sur la taupe. Elle fini par poursuivre nos deux héros. Doon avait, auparavant, repéré une trappe dans le plafond des égouts, qui mène directement aux entrepôts. La trappe laisse difficilement passer deux personnes en même temps, et je précise que la taupe bouche le passage lorsqu’elle se déplace dans les boyaux tortueux des égouts, alors que quatre personnes n’auraient pas énormément de problèmes pour se croiser. Ainsi donc, l’animal poursuit à tout allure nos deux héros (et la mallette que Lina ne perd jamais). Ils ont une petite avance, et arrivent sous la trappe. Doon y fait monter Lina, puis lui rend la mallette. A ce moment là, la taupe arrive sur eux...
Je me demande ce qu’elle va faire. Elle a deux possibilités : la facile, elle s’attaque à Doon. La plus difficile, elle tient absolument à la chair d’une fille qui n’est pas encore pucelle, aussi se doit-elle de détruire la moitié de l’entrepôt pour y entrer depuis les égouts.

Oui, Monsieur Truby, script-doctor, je veux bien croire que l’on peu classer les types de personnes dans un « ordre émotionnel » vis-à-vis du spectateur, c'est-à-dire, que l’on aura plus d’empathie pour un enfant qui risque de se faire déchirer par un monstre que si c’est une femme, et encore moins si c’est un homme. Mais bon y’a des fois où les animaux ont tellement potassé leur anatomie du scénario (éditions nouveau monde) qu’ils prennent des décisions certes spectaculaires, mais totalement absurdes. Là-dessus, on ajoute les plans qui ne veulent rien dire, puis le garçon qui attire la taupe dans un piège formé par deux étagères placées de guingois pour que la bête ne puisse plus avancer, alors qu’au début de la scène, elle a quand même défoncé trois mètres de béton armé. Enfin, je dis ça…

CDO_troutaupe 
Le trou qu'a fait la taupe mutante en entrant... 
 CDO_piege
Les étagères dans lesquelles elle reste coincée.

Ceci m’amène à ce qui m’a presqu’outré. La fille, qui semble d’un premier abord plus gaie, plus dynamique que le garçon, ne prend aucune initiative. Tellement que ça en devient navrant. C’est toujours le garçon qui les prend à sa place. Et elle ne dit rien. Elle ne dit jamais rien. Elle a la connaissance (elle est de la famille d'un maire, son ailleul, qui a conservé la boite à l'abris des yeux). Mais bon, on ne va pas se battre contre des clichés ! Oui, l’homme est plus fort que la femme. Oui, la femme met l’homme en valeur. Oui, le méchant est stupide. Oui, il meurt à la fin. Oui, tous le ramassis de clichés qui se retrouvent dans ce film. Non, ce n’est pas un bon film. Ce n’est pas parce qu’il y a des clichés, mais c’est parce qu’il y en a trop.

CDO_ordre
Le garçon ordonne de sortir, et après un regard signifiant la soumission,
la fille commencera à se déplacer. 

En résumé : clichés + incohérences + plans inutiles… si j’en avais un, je n’emmènerais pas mon môme voir ça.

Voilà pour La cité des ombres, mais j’aurais pu en dire tout autant de Stardust. Comme il fait partie de ces films qui confortent le spectateur dans ses croyances, et dans le système intellectuel dans lequel il se trouve, il y a de fortes chances qu’il ait marché. C’est le problème des films pour enfants d’aujourd’hui, qui sont calibrés. Je n’ai pas vu les derniers films type le monde de Narnia, mais de ce que j’en ai oui dire, c’était la même chose.

De fait, on se demande souvent quel film aller voir avec des enfants. Des films sont faits pour ça. Du moins, ils sont faits pour une conception de l’enfant comme un sous homme, être qui ne pouvant pas (peu) parler, n’ayant pas (peu) d’expérience, est à priori débile, ce qu’il est rarement. Mais là, nous ressortons du sujet de ce blog.

Pour finir, voici le trailer :