vendredi 11 mai 2012

Robot et conscience (4)



Bonjour,

Après avoir décrit les robots au cinéma et dans la littérature, après avoir parlé des recherches actuelles, il me faut faire un billet sur l’intelligence artificielle. Le mot d’intelligence artificielle (ou plutôt, artificial intelligence) a été adopté en 1950. Il est apparu dans un article d’Alan Turing « Computing Machinery and Intelligence », où il définit ce qui est connu aujourd’hui comme « le test de Turing ». Lui-même est assez réticent à l’idée que l’on puisse développer une machine « pensante ».

Le test est simple : un examinateur parle (par ordinateur interposé) à une autre personne. Il doit déterminer s’il discute avec une intelligence artificielle, ou à une autre personne, seulement, grâce à une suite de question/réponse.

La recherche en I.A. commencera de façon officielle en 1956. Il y avait alors quelque chose d’une exploration, pour une cause simple : l’énormité du pachyderme qu’était l’ordinateur. L’histoire de l’I.A. est très bien expliquée dans le livre de Franck Rose, l’intelligence artificielle, histoire d’une recherche scientifique. Parallèlement à la taille de l’ordinateur, et sa puissance de calcul qui nous parait aujourd’hui faible, la recherche a réussit à démarrer.



L’ordinateur sur lequel seront fait les premiers pas en I.A.


Oui, ça ne rajeunit pas, hein ! Enfin, histoire de ne pas penser au mastodonte, sur la porte du local de l’université, il y avait ça :


Oui parce qu’ils avaient baptisé leur ordinateur « Kim No-VAX ». Sur cet ordinateur, des programmes, eux aussi à consonance féminines : Pam, Pamela... Celui qui nous intéresse : PANDORA. C’est « un programme de résolution de problèmes dans le champ du sens commun » (p.72). Pandora doit vérifier s’il pleut, et le cas échéant, se couvrir d’un imperméable pour sortir chercher le journal. Le programme fonctionnait très bien, à ceci près qu’il ignorait que l’imperméable protégeait de la pluie. Il s’ensuivait donc une boucle infinie, où le programme avertissait qu’il pleuvait, donc Pandora mettait un imper pour sortir, mais le programme avertissait qu’il pleuvait, donc Pandora mettait un imper, etc. Il fallait apprendre au programme que l’imperméable protégeait de la pluie.

Ce qui pose, en fait, le problème du sens commun : de fait, l’Intelligence Artificielle est très bonne dans des domaines de pointe, où, par définition, nous sommes très mauvais (la médecine, l’ingénieurie, etc.) mais elle est très mauvaise là où nous sommes, tous, très bon, à savoir ce « sens commun ».

Car au-delà de cet apprentissage du fait que l’imperméable protège de la pluie, le programme n’est pas fait pour savoir si il y a dans la pièce un parapluie, par exemple, ou, s’il pleut suffisamment peu fort pour ne pas trop se mouiller en sortant sans l'imper.

De fait, les domaines où nous sommes mauvais, sont des matières qui recèlent plus de technique que d’habitude : il faut connaître tel et tel problème, faire le lien entre eux pour arriver à la solution. Finalement, c’est un problème de porte booléennes, ET/OU/NON ET/NON OU.

Ceci représente les débuts de l’histoire de l’I.A., et le principal problème à résoudre. Désormais, que trouvons-nous ?



Publié l’an passé, et figurant dans le top des essais dans le New Yorker, le titre de ce fascicule (320 pages) reprend une appellation du Loebner Prize.

Ce prix met en application le test de Turing : plusieurs personnes, plusieurs programmes, et personne ne sait à qui il parle. À l’issue de cette confrontation, les personnes attribuent des prix : le plus humain des robots, mais aussi, pour celui qui remporte le plus de suffrages, le plus humain des humains. Car finalement, le problème reste le même, comme le dit le paradoxe de Moravec « ce qui est difficile est facile, ce qui est facile est difficile » soit le même constat que faisait Frank Rose : le problème du sens commun par rapport aux échecs. Turing avait prédit qu’en l’an 2000, un programme d’intelligence artificielle pourrait tromper 30% des juges. Cette vision c’est avérée inexacte, mais en 2008, un artefact a trompé 25% des jurés. De nos jours, le programme le plus en pointe peut tromper près de 60% des jurés. La question que se pose alors Brian Christian, c’est quel serait alors le paroxysme de l’intelligence artificielle. Étant l’un des jurés, et ayant donc discuté avec l’un des programme les plus évolués, Cleverbot, il s’est rendu compte que cela pourrait être l’intelligence collective. Effectivement, après avoir discuté avec lui, je rejoins cette idée.

Il est près de la perfection. Mais lorsque je lui parlais, je voyais que l’on était entre 14 800 et 15 000 à lui parler de par le monde. Si nous, nous en avions conscience (c'est inscrit sur la page, à partir du moment où l'on engage un dialogue avec lui), lui probablement pas. Au plus, il parle à son frère, dont je pense que le nom restera un grand secret.

Voici ce qu'il en est de l'Intelligence Artificielle.

À bientôt pour un nouveau billet, sur la perception des grands penseurs et autre philosophe sur l’humanité !


dimanche 6 mai 2012

Robot et conscience (3)



Bonjour,

Après les deux billets précédents (ici et ), je vais vous parler de ce qu'il en est des robots, de nos jours, dans la vraie vie. Après quelques recherches, je me suis rendu compte que la recherche partait dans deux axes différents : le premier axe cherche à créer des robots (tels qu’on les conçoit, soit fait de vérins et de métal) le plus semblable au vivant. Le second recherche quant à lui à faire un vivant le plus semblable à la volonté du créateur, en utilisant pour cela un assemblage de gènes, de « biobricks », un peu comme un assemblage de Lego™. Je ne m'intéresse pas dans le cadre de mon projet à la recherche sur le vivant, mais sur la mécanique au plus près du vivant.

Donc très rapidement, le deuxième axe.

Chaque années, au MIT, un concours récompense la meilleure création vivante. Rassurez-vous, nous n’en sommes qu’au stade d’assemblage de petites bactéries, même si la racine du projet est « gigantesques » (faire des arbres auto-luminescents pour ne plus avoir a éclairer les villes la nuit, éclaircir Mars dans l’optique d’une terraformation...). D'autres chercheurs (plus sérieux que ces jeunes étudiants) cherchent à produire qui de l’essence sans passer par le pétrole, ou qui tel médicament issu d’une plante qui met trop longtemps à pousser. Enfin, il y a ceux qui cherchent à changer les bases de l’ADN pour que les produits ne puissent interagir avec notre ADN naturelle : c'est-à-dire passer des bases Adénine, Thymine, Cytosine, Guanine, vers quatre autres bases W, X, Y, et Z. C'est un domaine passionnant. D'autant que l'on sait que les être les plus nuisible sont ceux que l'on ne voit pas : les microbes...

Il y a à présent la robotique (la vraie). Les premiers robots auxquels nous nous sommes confrontés sont les robots ménagers : batteur, aspirateur… tout ce qui « allonge nos mains » en leur donnant la possibilité de faire des choses qui sans eux seraient beaucoup plus longues…


Le robot libère des tâches difficiles et ingrates !


Mais depuis les inventions de Moulinex©, d’autres robots ont vu le jour, en suivant, à nouveau, deux philosophies distinctes. La première est de suivre la droite ligne du robot n°5, protagoniste du film Short Circuit : lui donner la possibilité de faire des choses délicates.



Ici, la main robotique RAPHaEL, 2009

Cette main robotique a été créée par la Virginia Tech. L’objectif de cette main est de manipuler des objets fragile sans les casser. Le procédé employé, pour éviter la mise en place de coûteux moteur à chaque articulation, est d’utiliser de l’air comprimé.

L’autre piste, c’est de copier ce qui existe déjà : à savoir la nature.




Le principe utilisé par cette pince bionique reprend le principe de la nageoire caudale des poissons, pour prendre la forme des contours de la pomme : notez la façon dont la pince bouge dans le film qui suit, lorsqu'elle se saisit d'un pot de lait…


Cette utilisation de la biotechnologie développée dans cette société offre de nouvelles perspectives, ainsi que le montre cette autre vidéo (sur les rapports entre la biologie et la structure biomécanique qui s’ensuit).


Ces deux axes m'intéressent autant l'un que l'autre, mais ce sera plutôt au futur réalisateur de choisir comment veut-il que les robots soient construits. Cependant, il peut être intéressant de faire se confronter ces deux philosophies, en travaillant sur le rapport à la perception plus ou moins "humaine" de robots, car plus naturelles.

La prochaine fois, je vous parlerais des avancées en intelligence artificielle.

À bientôt !


jeudi 3 mai 2012

Robot et conscience (2)



Bonjour,


À la suite du billet précédant, je vais vous exposer mes recherches littéraires sur les robots.

Le robot est plus vieux dans la littérature que dans le cinéma. Il n’aura pas fallu attendre Asimov pour que l’on trouve tout un bestiaire. Ainsi, le premier robot est, dans la culture judéo-chrétienne, le Golem. Fait d’argile et se mouvant, il est nommé la première fois dans la Bible, au « Livre des Psaumes ». Il est alors l’équivalent d’un être inachevé. Mais si l’on se reporte à cette stricte définition, Adam lui-même, créé d’argile et dans lequel Dieu a insufflé la vie, n’est finalement autre qu’un golem, cet ancêtre du robot… c’est ainsi en tous cas que le Talmud décrit cet état précédant la création du premier homme.

Mais auparavant, il ne faut pas oublier le texte d'Ovide sur Pygmalion qui sculpte Galathée, avant que la déesse de l'amour lui donne la vie...

Il y eut ensuite une littérature, qui se développa lors de l’époque du fantastique (début du XIX° siècle, menée notamment par E.T.A. Hoffman, Théophile Gautier, Charles Nodier, etc.) Les robots ne portent pas encore ce nom mais en ont la fonction. Les histoires interrogent le mimétisme : par exemple, une histoire (qui est l’auteur ?) raconte comment, dans un futur, ayant réussit à faire revivre Brahms au travers d’un être fabriqué, l’être le comprend et s’amuse de ses hommes qui croient revoir Brahms, alors que ce n’est qu’une copie, certes sublime, mais qu’elle n’ira jamais aussi loin que l’original.

Puis il y eu les robots. Le terme fut inventé en 1921 par le frère du tchécoslovaque Karel Čapek, lequel l’a ensuite utilisé la première fois dans sa pièce R.U.R. (Rossum’s Universal Robots). Le mot signifie « esclave » ou, pour enlever l’idée de rébellion qui est propre à ce mot « travailleur dévoué ».

L’histoire est celle d’humains organiques artificiels (donc plus proche de ce qui serait aujourd’hui qualifié d’androïde), fabriqués en usine pour ensuite travailler. Sans sentiments, ils peuvent effectivement se dévouer totalement à leur tâche. Mais lorsqu’ils en prennent conscience, ils s’allient, se révoltent et détruisent l’humanité. Deux d’entre eux (un robot « mâle » et le seul robot « femelle ») trouvent l’amour et le dernier des hommes leur remet les clefs du monde.

L’idée du robot telle qu’on l’envisage va réellement naître avec le développement de l’industrie du commerce dans les années 50. Asimov explique (où est la légende et jusqu’à quel point se trouve la réalité ?) que c’est en connectant cette idée d’un homme mécanique fabriqué, et son exploitation commerciale (infinie) qu’il en a conçu la notion du robot qui est encore courante aujourd’hui.

Ainsi, visualisant ce que serait la société emplie d’humains et de robots, il pensa à la façon dont l’humanité pouvait prévenir toute attaque de robots (tout en lui laissant possibilité de détruire ces robots) : il inventa alors le cerveau positronique, qui contient les trois lois suivantes :

1) Un robot ne peut porter atteinte à un être humain, ni, restant passif, permettre qu’un être humain soit exposé au danger.
2) Un robot doit obéir aux ordres que lui donne un être humain, sauf si de tels ordres entrent en conflit avec la première loi.
3) Un robot doit protéger son existence tant que cette protection n’entre pas en conflit avec la première ou la deuxième loi.

Bref historique montrant que le robot est presque né avec l'homme, et que sa perception littéraire a évoluée. L'idée de mimétisme m'intéresse fortement. 

La prochaine fois, je regarderais ce qu’il en est de nos jours, dans la vraie vie !

À bientôt