jeudi 13 octobre 2011

The Artist

The Artist


Écrit et réalisé par Michel Hazanavicius
Avec Jean Dujardin, Bérénice Bejo

Comme beaucoup, j’attendais la sortie de The Artist, (notamment grâce au prix que Jean Dujardin a reçu à Cannes – meilleur rôle masculin) mais en mi-teinte, puisque Hazanavicius m’a déçu lors du second 0SS 117 (Rio ne répond plus). Sa première incursion dans le genre de la parodie avait été La classe américaine (1993).



J’ai été émerveillé. George Valentin, grande star du muet, un brin égoïste, ne veut pas passer au parlant. Parallèlement, une jeune actrice qu’il a connue suite à un quiproquo, et vraisemblablement amoureuse, joue de ses atours pour monter dans les studios Kinetograph, jusqu’à devenir la coqueluche du tout Hollywood. Entre eux deux, l’histoire d’amour aboutira-t-elle ? L’histoire se déroule de 1927 à 1935.

Hazanavicius suit une réflexion d’artiste, interrogeant le support de ce qu’il filme (la pellicule, le format de l’écran, le son…) ainsi que ce qu’il montre (les applaudissements sans un seul bruit, par exemple), avec énormément d’humilité et de joie. Tant et si bien que l’on peut se demander quelle est sa motivation principale, entre la parodie et l’hommage. C’est un ovni, parodiant les poncifs du genre, au même titre que Pirates (Polanski, 1986) ou Le bal des vampires (Polanski, 1967).

C’est donc une suite de référence que l’on peut retrouver, références digérées qui font que ce film répond aux autres plus qu’il ne les cite : on y retrouve donc, pèle mêle, les comédies musicales des années 30, What Price Hollywood (George Cukor, 1932), les premiers Chaplin, Singin’ in the Rain (Chantons sous la pluie, Stanley Donen et Gene Kelly, 1952), ou encore Sunset Boulevard (Boulevard du crépuscule, Billy Wilder, 1950). La référence à ce dernier film est plus marquée, puisqu’ils sont thématiquement proches, étant donné que dans les deux cas, c’est l’histoire d’une star sur le déclin qui ne souhaite pas modifier le style de film dans lequel elle joue. Ou en reprennant la classification de John Truby, une confrontation déséquilibrée entre un protagoniste humain et un antagonisme surhumain, en l'ocurence sociétal. Sans acrimonie vis-à-vis des critiques, il est évident qu’elles trouvent dans ce film un plaisir supplémentaire.



Hazanavicius a donc réalisé un film noir et blanc, muet, au format 4:3 (alors que de nos jours sont privilégiés la parole, la couleur, et le 16:9 voir le 2,1:1). Ce choix s’ancre dans le film, simplement parce que George ne veut pas passer au parlant. Ceci donne d’ailleurs lieu à une scène où lui seul est muet (aucun son ne sort de sa bouche), tandis que tout autours de lui, les objets, le téléphone, les rires de filles, tout cela fait les sons habituels. Alors que l’on vient de voir près d’une demi-heure de muet pur (avec une très belle composition musicale, cependant), cette scène frappe d’autant plus, en montrant clairement l’objet qui va faire l’affaire de la suite. Mais, en parallèle, Michel Hazanavicius n’a pas envie d’aller dans cette voie, aussi en fait il un rêve. Rêve certes, mais suffisamment marquant pour que le spectateur, habitué de films parlant ne l’oublions pas, comprenne où va le film.

Bien sur, George ne va pas que refuser de parler dans des films. Tout de suite licencié des studios Kinetograph, il essaie par divers moyens de remonter la pente… mais n’y arrive pas… et son égoïsme ne le fait pas voir qu’une personne essaie de l’aider, Peppy Miller. Mais il est difficile de parler du scénario de ce film, tant, comme tous muets qui se respecte, c’est d’abord de performance qu’il s’agit. L’acteur doit littéralement créer l’intérêt de la scène. Personne ne joue face à un costume sur un cintre en y mettant la même importance que Bérénice Bejo, qui interprète Peppy Miller.



J’ai été émerveillé en voyant ce film, et comme dans tous films, il y a quelques scènes plus marquantes que d’autres…