dimanche 29 avril 2012

Robot et conscience (1)



Bonjour,

Aujourd’hui, je ne vais pas analyser un film, mais plutôt partager avec vous mes récentes recherches.

Je travaille sur l’histoire d’un robot qui voudrait être accepté au même titre qu’un humain. Comme tout scénariste qui se respecte, j’effectue des recherches. D’abord sur la robotique de nos jours, et sur la conscience, ou disons, les différentes perceptions de l’homme par de grands penseurs à travers l'histoire.

Le travail de recherche ayant toujours été quelque chose de fascinant pour moi – comme un pirate qui, au gré des flots plus ou moins tumultueux, découvre des mines de trésors insoupçonnés – je voudrais vous les faire partager.

Aujourd’hui, je vous propose les coups de cœur issus de mes recherches, sur le robot au cinéma. L’industrie américaine nous a présenté un panel de robots.


Le cyborg de RoboCop (Paul Verhoeven, 1987)

Quand on parle de robots, viennent d’abord à l’esprit deux séries de films : Terminator et Robocop. Dans chacun des films est développée une notion différente du robot.


Le T-800 de Terminator (James Cameron, 1984)

Le T-800 est entièrement mécanique, et programmé, selon le film, pour tuer ou protéger John Connor. À l’inverse, Robocop est pour sa part d’une conception presqu’opposée, puisque le robot est la surprotection d’un cerveau humain. Le type de robot qui m’intéresse est du premier type.


L’homme bicentenaire (Chris Columbus, 1999)

Quand on parle ensuite de robot qui veulent être considéré par les humains, un autre film vient à l’esprit, adaptation de la nouvelle éponyme d’Asimov (et peut être l’une des meilleures adaptations d’Asimov) L’homme bicentenaire. Le robot veut être considéré comme un humain, aussi se « métamorphose-t-il » en un être humain, jusqu’à connaître la mort.


Short Circuit (John Badham, 1986)

Un autre film vient lui aussi à l’esprit : il s’agit de Short Circuit. Ici, c’est un robot prévu pour les champs militaire, qui, suite à un coup de foudre inopiné, prend conscience de sa condition et s’échappe. Son périple va l’amener à découvrir l’Amour, et faire de lui un être plus humain que l’humain (par la comparaison qui est faite avec son ingénieur).


A.I. (Steven Spielberg, 2001)

Suivant la même logique, tout en réalisant un chemin opposé, se place le film A.I. de Steven Spielberg. Ici, le robot comble d’abord un manque (l’enfant d’une famille), puis, une fois le vrai fils revenu, le robot est renvoyé de cette famille. Commence alors une quête à la recherche de deux choses : son vrai père et sa vraie mère, en la personne de l’ingénieur, et de la fée bleue (du livre Pinocchio de Collodi).

Alors que Short Circuit raconte par la fuite comment le robot n°5 devient humain, c’est par la recherche d’un idéal que David, robot protagoniste de A.I., marque sa différence avec l’humanité, puisqu’il s’arrête, dans une « boucle infinie[1] », n’arrivant pas à faire la part des choses.

Le dernier film dont je parlerais dans la catégorie des robots pensants pose plus de problèmes. Il s’agit de I, Robot. Dans ce film, un humain est à la recherche robot criminel. Le problème, c’est que le film énonce comme base à la construction commerciale des robots les trois lois écrite par Asimov, où un robot ne peut, dans quel cas que ce soit, porter atteinte à un être humain[2]. Or le robot est un tueur, contournant lesdites lois. Il veut prouver pour sa part qu’il est un robot.

***

Dans cette logique du robot criminel se trouve pléthore de films. Ainsi, les sentinelles qui sévissent dans la saga Matrix. On note que si les T-800, T-1000 et T-X de la saga Terminator ou Sonny, le robot de I, robot, ont des enveloppe humaines, ceux de la saga Matrix sont de forme répugnante, et dans l’idée, opposée à l’être humain : ici, tous ressemblent à des pieuvres[3]. Une recherche de quelque chose de moins humain, au travers de la robotique, qui n’est pourtant qu’une ossature métallique.


HAL 9000, 2001 l’odyssée de l’espace (Kubrick, 1968)


Le capitaine du Nostromo dans Mother, Alien le 8ième passager (Scott, 1979)

Reste enfin l’intelligence artificielle pure : celle de HAL-9000, ordinateur de 2001, l’odyssée de l’espace. Il n’y a plus de robot, ce qui n’empêche pas l’intelligence de penser à nouveau de façon aussi humaine qu’un humain, ayant peur de la mort (ici de la déconnection), et sa force provient à nouveau de sa puissance de feu, puisqu’il dirige tout le vaisseau, donc, se sentant menacé, il met en danger les membres de l’équipage. L’autre I.A. du même type est Mother, dans Alien, le 8ième passager.


Wall-e (Andrew Stanton, 2008)

Enfin, il y a des robots dans des mondes de robots. L’exemple type est Wall-e. Au XII° siècle se croisent deux robots, un vieux, d’un design digne des années 80 et un neuf, beaucoup plus épuré. Un autre film mettant en place non plus des robots, mais des « réplicants » est Blade Runner, où aucun protagonistes n’est humain, bien qu’ils en aient l’apparence (et où aucun personnage n’aurait été humain si Ridley Scott était allé jusqu’au bout de sa logique. À nouveau, c’est par l’amour que le Rick Deckard et Roy Batty prennent les attributs de l’homme (de même pour Rachel et Pris), mais au travers de cet amour se trouve soudain le problème de l’esclavage du robot (réplicant) à l’humain, l’idée de sa rébellion et la peur, à nouveau, de la boucle infinie (de façon très subtile, à nouveau lors du dernier discours du policier Bryant face à Rick).


Blade Runner (Scott, 1982)

Cette recherche cinématographique n’est pas exhaustive. Je peux déjà conclure de façon sommaire, j’en conviens, sur le point de vue américain de la robotique : elle met plus souvent en danger les hommes qui la côtoient qu’elle ne les aide. L’absence d’humanité en fait des adversaires de choix.


Ghost in the Cell (Mamoru Oshii, 1995)

Un autre film, pour sa part japonnais, j'ai nommé Ghost in the Cell, de Mamoru Oshii. C'est une histoire de cyborg qui cherchent la personne qui pirate le système informatique, et ce rendent compte qu'il s'agit d'un programme qui a trouvé une conscience, et qui fini par "s'accoupler" avec la cyborg, afin de générer une fille (la cyborg, mais dans un corps d'enfant). Très prenant, ce récit se situe dans une ville futuriste plane. A nouveau, ce film m'intéresse par ces moyens mis en place pour montrer la conscience du programme émerger, le rapport entre le monde réel et le monde virtuel, et l'interrogation sur ce qu'il reste du corps des deux protagonistes, qui sont totalement bousté par l'équipe qui les emploie, et n'ont donc plus grand chose d'humain.

Personnellement, en plus de mon sujet de départ, je trouve plus intéressant les films où l’on ne sait plus trop qui est le robot et qui est l’homme.

La prochaine fois, un très bref panorama du robot dans la littérature.

A bientôt



[1] La boucle infinie : le problème de l’Intelligence Artificielle actuelle (j’y reviendrais dans un prochain billet). Ici, David prie la fée bleue de le transformer en humain, la fée bleue ne le transforme pas, donc David prie la fée bleue, etc. Comme la fée qu’il prie est en fait l’icône de cette fée dans un ancien parc touristique, David prie en vain,  sans jamais pouvoir s’en rendre compte.
[2] J’y reviendrais dans le prochain billet. Les lois sont : 1) Un robot ne peut porter atteinte à un être humain, ni, restant passif, permettre qu’un être humain soit exposé au danger. 2) Un robot doit obéir aux ordres que lui donne un être humain, sauf si de tels ordres entrent en conflit avec la première loi. 3) Un robot doit protéger son existence tant que cette protection n’entre pas en conflit avec la première ou la deuxième loi.
[3] Et l’on sait que la pieuvre est l’opposé de l’homme, en ce sens qu’elle n’est qu’une peau, sans autre constitution ni ossature, à l’opposé de l’être humain, qui se défini d’abord par son ossature.