lundi 23 août 2010

Inception

Inception

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Film scénarisé et réalisé par Christopher Nolan

Inception est un thriller d’anticipation qui se déroule dans un futur proche, où il est possible de prendre des données en « hackant » les rêves. En contrepartie, les gens ont des défenses psychologiques, des « pares feu » si l’on compare le cerveau à l’informatique et à l’internet, pour éviter d’être hackés. Plus difficile, on peut placer une idée au cœur d’un rêve pour que la personne croie qu’elle l’a eu sans aide. Ce procédé est appelé « inception ». Cobb et son équipe sont spécialisé dans les opérations de hackage de rêve, et on leur impose d’effectuer une inception.

Ils doivent aller au plus profond des rêves de Robert Michael Fisher Jr. Mais ce que Cobb trouve, ce sont ses propres problèmes avec sa femme décédée.

L’histoire est très bien écrite. Le film ne se cache pas de proposer un aspect « déjà vu », reprenant les thèmes de Matrix et Dark City, entre autres, sur la pluralité d’environnements, la non-réalité de ce qui est perçu comme réel, et du jeu vidéo (comme la séquence avec la forteresse dans la neige). Mais où ces films avaient une logique, une obligation de réalisme, pour contrôler un peuple, ici, nous sommes explicitement dans un enchevêtrement de rêves d’une seule personne.

Pour contrôler cette personne, il faut que l’environnement soit aussi réaliste que possible, pour que le rêveur ne puisse penser qu’il rêve, nous disent Cobb et sa compagnie. Le problème de base avec ce postulat est que l’on perd tout l’onirisme du rêve, soit toute l’activité mentale automatique faite de vision de scènes animées.

Comprenons pourquoi, alors qu’il avait cette possibilité onirique, Christopher Nolan l’a écarté. Il faut étudier le postulat du paragraphe précédent. Pour ce faire, il faut commencer par voir comment l’équipe de Cobb construit du rêve à l’image de la réalité, avant de voir les procédés de défenses psychologiques du personnage hacké.

Il faut imaginer tout d’abord plusieurs niveaux de rêve : c'est-à-dire que le rêveur peut être en train de rêver dans son propre rêve.

Le processus : Dominique Cobb (Leonardo DiCaprio) est le hackeur, l’extracteur. Il est aidé par Arthur (Joseph Gordon-Levitt), qui organise leur avancée, afin que le hackeur ne se perde pas dans le rêve dans lequel ils se trouvent. Enfin vient l’architecte, Arianne (Ellen Page), qui construit le rêve et les niveaux de rêves. L’équipe amène le rêveur (appelons-le client) et tout son subconscient dans le rêve d’un autre, créé par l’architecte, et géré par l’organisateur. Les personnages composant l’équipe de Cobb ont chacun un porte bonheur qui leur permet de savoir si ils sont ou non dans un rêve. Par exemple, Arthur a un dé truqué, et est le seul à connaitre les poids du dé et sur quelle face il finit. Arianne s’est construite une pièce d’échec, un fou. Cobb a une toupie.

Ce monde de rêve est géré par un principe ressemblant au jeu vidéo : on peut ressentir de la souffrance, mais lorsqu’on meurt, on se réveille (game over, on sort du jeu).

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Le subconscient n’est d’abord pas conscient de sa présence, c'est-à-dire qu’il ne sait pas qu’il existe dans un rêve lorsque ce dernier débute. Puis, alors que le hackeur s’approche du message qu’il cherche soit à récupérer soit à placer, le subconscient se rebelle contre ce personnage. C’est parmi ce subconscient que l’onirisme peut apparaitre : or, il n’apparait pas. Le subconscient reste réaliste. Fisher a par exemple des protections militaires, représentées par des trains blindés ou des hommes armées en voiture.

Or, en comparant avec les rêves dont je me souviens, j’en ai fait de monstres, ou des rêves où je côtoyais des stars, ou encore des rêves « intimistes ». En bref, une pluralité de rêves où je ne savais que je rêvais uniquement lorsque je me réveillais. À supposer que je sois dans le rêve d’un autre, ce rêve n’empêcherait pas mon subconscient de créer à nouveau ses monstres, ses stars ou cette intimité.

Hélas, cette piste ci n’a pas été exploitée, hormis dans la découverte du monde des rêves d'Arianne. Souhaitant rester dans le thriller, il ne pouvait pas y avoir de personnages sortant de l’ordinaire. On comprend dès lors pourquoi Christopher Nolan avait d’abord souhaité faire un film d’horreur, la notion de l’exploration d’un rêve au sein du cerveau d’une personne appelant cette idée. Mais à cette notion s’oppose celle de l’enquête malsaine (mettre une idée dans un crâne sans que celui-ci soit au courant est on ne peut plus malsain, comme on le conçoit, quel que soit cet homme), plus proche du thriller. On comprend alors le glissement du projet durant les dix ans qu’ont duré sa conception.

Ceci dit, il y a techniqement de très belles séquences, notamment celle du combat en apesanteur ou les vues des limbes (qui rappellent les îles du sud du japon bâties d’immeubles). Mais, comme l'onirisme n'est pas plus présent, cela ressemble ici à du Kubrick de 2001, l'odyssée de l'espace... mais pas le passage onirique final de la porte de l'espace.

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De fait, ce film reflète bien l'ambition des blokbusters en général. Sous un couvert innovant (l'exploration de rêves) il est divertissant sans devenir trop complexe. Il n'est pas si loin du concept de la série Alias de J.J. Abrams : une espionne se déguise et fait le tour du monde pour trouver une personne et l'éliminer. Ici, le "tour du monde" est dans l'onirisme.

Tout est bien précisé, le scénario reste donc linéaire, malgré cette avancée dans l'inconscient.

Pour finir, voici le trailer :


INCEPTION - Bande -annonce VO

1 commentaire:

  1. Je pense qu'ils n'ont pas voulu faire trop complexe. Le film, quand on le voit la premiere fois, est déjà assez difficile à digérer. Quand on se pose ensuite en qu'on y réfléchit, ça devient plus simple et logique, mais au départ au visionnage, il y a pas mal d'infos. Tout le début du film est quand meme juste une sorte de tutorial pour expliquer aux spectateurs le système.
    Je pense que ça aurait été trop lourd de vraiment creuser à fond ce concept dans un seul film.
    Ce qu'il faudrait, c'est faire un autre film dans cet univers pour explorer plus de facettes des rêves et de l'inconscient. :)

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