La Vénus à la fourrure
Réalisé par Roman Polanski ;
Écrit par Roman Polanski et David Ives ;
D’après la pièce de David Ives et le livre de Leopold von
Sacher-Masoch.
Une actrice, Vanda, vient passer une audition pour jouer
dans une pièce écrite par Thomas, pièce adaptée du roman La vénus à la fourrure de Sacher-Masoch. Mais peut être est-ce l’inverse…
Deux acteurs, Emmanuelle Seigner et Mathieu Amalric, une
scène de théâtre.
Thomas Novachek
Dans le film, Mathieu Amalric interprète Thomas Novachek, l’auteur-adaptateur
de la vénus à la fourrure. Mais,
forcé par les évènements, il se met à donner la réplique, entrant dans le rôle
de Severin von Kushemski… et Vanda le force ainsi peu à peu à prendre, au fil
du film, plusieurs rôles, de plus en plus enchevêtrés.
Vanda Jordan
Emmanuelle Seigner est Vanda. Elle se présente comme une
actrice qui a parcouru le texte dans le RER. Elle veut jouer, elle veut passer
l’audition, et Thomas accepte finalement de lui donner la réplique. Et peu à
peu, elle développe son rôle initial (dans la pièce de Thomas, le personnage qu’elle
interprète porte le même nom qu’elle, Wanda von Dujanev) : elle commence à
interpréter d’autres personnages… tout en laissant s’instaurer un doute sur sa
véritable identité.
La pièce
La pièce écrite par Thomas adapte La vénus à la fourrure de
Sacher-Masoch pour le théâtre. Le roman, de 1870, parle de l’amour masochiste de
Severin von Kushmeski pour Wanda von Dujanev[1]. La
pièce reprend des scènes fortes du roman, en omet d’autres tout aussi fortes
(choix artistique de Thomas).
Le film
David Ives, puis Polanski, ont travaillés à partir du roman
de Sacher-Masoch pour en sortir une substantifique moelle : le roman parle
de rôles pris par des personnes de leur plein gré, ou non. Le film (et avant lui
la pièce de David Ives) jouent sur les rôles interprétés par les personnages.
Ce n’est pas deux, ni même quatre rôles qui sont interprétés, mais toute une myriade.
La distinction entre les rôles apparait d’abord clairement, puis elle se
distille, jusqu’à ne plus savoir qui a réellement le pouvoir, qui joue
réellement ou non (de Thomas, de Vanda, ou des personnages interprétés).
Ce problème de perception permet à David Ives toute une
réflexion sur ce qui unit deux personnes : le couple, la douleur, la
soumission, le détachement, le pouvoir… avec comme angle d’attaque le problème
de la domination de l’un sur l’autre.
Peu à peu, les personnages perdent de leur appartenance au
monde sensible, rejoignent un monde plus vaste, plus mythique, sans toutefois
quitter le théâtre. Et cette simple adaptation de Sacher-Masoch, à l’origine
assez sexiste, avec un repentir de la femme qui admet in fine la domination de l’homme, devient une tragédie grecque.
C’est principalement pour ces raisons que j’ai apprécié le
film, et que je vous conseille d’aller le découvrir en salles.
Bande annonce :
Bon visionnage !
[1]
Ce roman donna naissance, par le biais du nom de son auteur Sacher-Masoch, au
mot « masochiste » dans son acception actuelle.
J'essaye de trouver le texte français de La Vénus à la fourrure, adapté par Anne-Elisabeth Blateau. Savez-vous si le texte est publié? Je vous remercie. Voici mon courrier: soniajor@hotmail.com
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